Désolé, ça va faire suer tout le monde : je n'ai pas mis de spoiler Veuillez donc accélérer et passer à la réponse suivante...
Ce qui est notable ici comme ailleurs si l'on parle de ce film, ce sont les faits et certaines références historiques que l'on peut croiser avec plein de sources différentes issues de toutes obédiences .
A ce sujet : si ce qui est montré ou dit, est un exemple de pensée unique, il en vaut un autre (celui-là plus majoritaire et au sein duquel le premier n'a pas trouvé sa place d'égal à égal). Par conséquent une vision, même partisane, peut être intéressante pour aider à se construire un avis ou le modifier.
De façon plus large, personnellement ce qui m'importe, c'est la multiplicité des opinions face à des faits identiques ; à partir du moment où ceux-ci sont reconnus et irréfutables.
(accessoirement, même si il a pu me dire des conneries, j'aurais malgré tout tendance à croire mon père
).
D'évidence si on pouvait réunir autour de la même table, un ancien porteur de valises, un ex de l'OAS, un ancien de l'ALN, puis du FLN, un appelé, un civil de métropole, un civil d'Algérie, etc... on aurait probablement plusieurs version des mêmes faits. Sauf que, comme le dit l'adage : "les faits sont têtus" et c'est à cela qu'il faut s'en tenir.
2 anecdotes :
Il y a quelques années, lors d'un vol Istanbul => Ercan (Chypre nord, côté Turc donc), je fais la connaissance d'un Turc déjà d'un certain âge : Mustafa Uludag. On a bien sympathisé et il s'est proposé de me faire découvrir la région. Je vous fais grâce des visites de vestiges d'une grande richesse historique, pour m'arrêter à une ballade en forêt. A un moment on est arrivés au bord d'une crête surplombant la partie Grecque. Et là il m'a dit : "Tu ne le sais pas, mais Je me suis battu ici en 1974" (Mustapha est né à Chypre : avant 74 et l'opération Attila, il faisait partie de la communauté Chypriote Turque vivant sous administration Grecque). "J'ai des amis qui sont morts, ici c'est mon pays..." Il avait les larmes aux yeux face à la partie Grecque où il était né, mais où malheureusement il ne pouvait plus se rendre...
L'autre anecdote date de cet été en Russie : Après déjà plusieurs jours passés chez une personne chez qui on logeait, on a fini après les banalités, par aborder des sujets plus sérieux. J'en retiens que les avis que peut avoir cette femme (peut-être pas représentative me direz-vous), m'amènent à croire que ce qui se dit sur son pays depuis l'ouest, semble fort éloigné de son quotidien (elle en a d'ailleurs beaucoup ri). Sans aller jusqu'à aborder des sujets comme la Crimée ou l'Ukraine (ce qui au passage démontre l'application d'un filtre d'auto-censure construit à travers ce que les médias ont bien voulu me vendre...), on a abordé le sujet central de la Fédération de Russie : son Président. Le coin d'entrée aura été toute la quincaillerie que l'on trouve partout, glorifiant à l'envie l'image de Vladimir Poutine. Cela l'a fait beaucoup rire, comme d'ailleurs à priori d'après elle, une majorité de Russes qui considère que ce genre d'article est bon pour la balance commerciale car les touristes en achètent beaucoup. Sur le fond, elle m'a paru assez critique, mais globalement bien moins en opposition que nous pouvons l'être en France, envers nos dirigeants. (Bien sûr on oppose la mentalité Slave à la mentalité Latine, évidemment très éloignées l'une de l'autre). Pour faire court elle, ainsi que l'une de nos guides qui nous accompagnés plusieurs de jours de suite, nous ont dit : "
Probablement que notre Président (notez le"nôtre" au passage),
a des zones d'ombre". "
Certes c'est un ancien du KGB, mais il fait des choses bien pour la Russie". "
il a ramené l'ordre et la sécurité après Eltsine, il veut redonner au pays une place importante sur la scène internationale". Je n'ai pas eu l'impression d'avoir à diagnostiquer une quelconque pathologie, type syndrome de Stockholm , ni d'avoir en face de moi des personnes apeurées ou complètement lobotomisées. Nous vivons simplement dans 2 mondes gérés différemment : le nôtre est celui qui censure le plus internet, et le sien celui où disparaissent plus vite (ou plus violemment) les opposants ; simple question de choix dans les méthodes...
J'ai aussi trouvé notre hôte très bien informée sur ce qu'il se passe en France, mais ne portant pas de jugement (elle est plutôt dans le questionnement car ses valeurs, sa culture, sa vision, son quotidien, sont extrêmement différents de ce qu'elle peut entendre, lire ou connaître de notre pays. Elle est par ailleurs membre du comité de jumelage de la ville où habite sa mère (Thikvine), avec Hérouville St Clair près de Caen. Elle s'y rend 1 à 2 fois par an depuis plusieurs années, ce qui la rend aussi plus proche pour certains aspects, plus affûtée aussi dans ses comparaisons. Je ne vais pas dévoiler ici certains sujets très polémiques, qu'elle a souhaité spontanément aborder avec visiblement une soif de comprendre, mais sa lucidité sur pas mal de situations Françaises ou Européennes, me semble bien meilleure que la nôtre. (Svetlana, on t'embrasse).
Tout ça pour dire que le prisme de lecture sera forcément très différent autour de sujets ou de faits identiques, selon qui les vit ou qui les rapporte. C'est pour cela que tous les avis comptent : ça enrichit la réflexion, même si parfois c'est dérangeant (voire très dérangeant).
Ne jamais oublier que l'avis que l'on se forge (et que l'on pense être en toute bonne foi, le fruit de notre libre-arbitre), est toujours construit à travers les informations que l'on veut bien nous donner.
Plus on sort du "prêt à penser", plus on est curieux tout en étant prudent, et meilleure est la vision. Reste à savoir que cette pratique oblige souvent à sortir de sa zone de confort, ce qui n'est pas toujours agréable ; convenons-en.